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Le Judaïsme face aux défis sociétaux du 21e siècle - Education et violence

יום ד׳, 04 בינו׳

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Tel Aviv-Yafo

Notre époque, remplie d’incertitudes pose de nombreux défis concernant l’état de nos sociétés humaines et de notre planète et il nous a paru intéressant d’en débattre avec l’aide éclairée du Philosophe et Rabbin Rony Klein

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Le Judaïsme face aux défis sociétaux du 21e siècle - Education et violence
Le Judaïsme face aux défis sociétaux du 21e siècle - Education et violence

זמן ומיקום

04 בינו׳ 2023, 20:00

Tel Aviv-Yafo, Aharon Chelouche St 42, Tel Aviv-Yafo, Israel

פרטי האירוע

Le judaïsme s’est positionné sur de nombreux sujets de société à travers les époques et leurs influences et Rony Klein nous éclairera sur ses divers points de vue ainsi que sur les points de vue des philosophes, le tout dans une attitude ouverte et pluraliste.

Thème de la seconde rencontre :  Quelle éducation pour un monde dans violence.

Rony Klein est docteur en philosophie de l'Université Hébraïque de Jérusalem et Rabbin du mouvement Masorti. Il enseigne actuellement la philosophie à l'Université de Tel Aviv (Ecole des Etudes culturelles) et la pensée juive à l'Institut Schechter d'études juives à Jérusalem.

Ses recherches se situent à la croisée de la philosophie et de la pensée juive contemporaine, notamment l'école française. Il est l'auteur de quatre ouvrages et de nombreux articles parus dans des revues comme Pardès, Cahiers d'Etudes Lévinassiennes, Littérature, etc.

Quelques textes à lire avant la rencontre :

Quelle éducation pour un monde sans violence ?

Sources philosophiques :

François Châtelet, Platon, Gallimard, 1965, p.82-87, p.107 :

« Car, s’il faut philosopher, c’est que la politique, telle qu’elle est pratiquée mène, de manière inéluctable, à la violence, au malheur et à l’injustice… (…) Mais au fait, qu’est-ce que philosopher ? (…)

La situation qu’engendre la démocratie constitue un champ d’expérimentation privilégié. La parole, avons-nous vu, y est reine ; chacun peut y exposer librement son jugement sur les affaires publiques et privées ; chacun se croit habilité à donner son opinion sur la question de l’Etat. Or, il apparaît bien vite qu’entre les opinions ainsi exprimées se manifestent des divergences graves, voire des contradictions. Il est rare que les hommes s’accordent, sinon sur des généralités de peu d’importance. Le régime populaire admet cette diversité, il s’y complaît : il croit que du frottement de ces appréciations antagonistes surgira soit, dans les meilleurs cas, une unanimité enthousiaste soit, au moins, une majorité suffisante pour assurer l’unité du corps social. (…) Mais il est de fait historique aussi que, dès que la discussion est grave, lorsqu’elle risque d’entraîner un dommage réel et durable pour des individus ou pour un groupe social, l’affrontement n’a pas de solution qui soit praticable à longue échéance. (…)

Commencer à philosopher, c’est, de prime abord, mettre en question non pas seulement le contenu divers des opinions – celles-ci font apparaître si pratiquement leurs contradictions qu’elles se ruinent d’elles-mêmes – mais encore le statut d’une existence qui croit qu’opiner c’est savoir et qu’il suffit d’être certain pour prétendre à être vrai.

Car l’opinion – la doxa -, tout l’exercice de la démocratie le prouve, ne se veut point telle : elle revendique la vérité, elle prétend savoir la réalité telle qu’elle est. En d’autres termes, elle est certaine de soi. Et lorsqu’elle se heurte à la certitude égale de l’autre, elle s’étonne, elle s’indigne et entre dans la discussion avec le sentiment que la contestation qu’on lui oppose est dérisoire, qu’elle en triomphera aisément. En fait, tout au long du débat, elle s’enferme sur elle-même et reste sourde à l’argumentation adverse. Le dialogue n’est qu’apparent : deux monologues parallèles se développent. Or, dans ces conditions, lorsque la discussion a pour but de définir une action commune, qui donc va trancher entre les interlocuteurs qui refusent de se comprendre ? Qui donc va décider lorsque, à l’Assemblée, deux orateurs défendent des points de vue diamétralement opposés ? La majorité ? Chacun (…) vote en fonction de son opinion, qu’il érige au rang de savoir et qui n’est, en réalité, que l’expression de son intérêt.

Précisément, parce que les intérêts et les passions sont en jeu et que personne ne peut sortir de la fascination qu’ils exercent, les décisions prises par la majorité, une majorité qui est essentiellement variable, n’ont point d’effets durables : la minorité s’active, complote soit pour inverser le rapport de force à l’intérieur de l’Assemblée, soir pour détruire le régime populaire lui-même. Derrière le « libre jeu » des opinions, derrière les antagonismes des intérêts et des passions se profile le véritable juge, celui qui va trancher en dernier ressort : la violence. La démocratie telle qu’elle est pratiquée à Athènes ne développe pas la liberté : elle libère la violence.

Ainsi, le premier moment de la philosophie, celui qui met sur le chemin de l’éventuelle « sagesse » - consiste à « psychanalyser » l’opinion, à lui révéler la conscience erronée qu’elle a d’elle-même.  (…)

Au fond, ce que l’opinion ignore, c’est qu’elle prend pour la totalité du réel ce qui est donné dans la partialité de ses perspectives. Avec des exemples, elle invente des faits, alors qu’elle a constitué ses exemples d’une façon contingente, à partir du hasard de ses rencontres empiriques et ses intérêts que suscitent ses désirs et ses passions. Ce qu’elle nomme réel, c’est l’imaginaire qu’elle élabore à partir des bribes de réalité que laisse subsister sa perception obscurcie. Par cette dernière, elle se laisse guider – par elle et par ses appétits sensibles. Car tel est bien le statut de l’opinion : au lieu de rechercher ce qui est effectivement réel, elle s’abandonne à ce qui la satisfait immédiatement. Les appétits par lesquels elle est gouvernée lui signalent des « valeurs » qu’elle recueille comme les seules acceptables et dont elle fait les pivots de ses discours...

A la racine des contradictions des opinions, il y a donc la diversité qu’implique nécessairement la soumission aux désirs. La séquence est fort claire désormais : l’homme qui est passif devant ses appétits, prend pour juge de sa pensée ses intérêts, ses passions ; pour faire valoir ses derniers, il parle, il use du langage pour les manifester face à autrui ; or, par leur nature, les intérêts sont contradictoires ; surgissent ainsi les discours antagonistes, tous assurés de leur vérité, tous fermés à l’argumentation de l’autre. Dès lors, puisqu’il n’y a pas moyen de trancher, puisque chacun prend pour juge la partie la plus instable de soi-même, subsiste une seule raison : celle du plus fort. »  (…)

Nous connaissons maintenant l’origine du mal. Mais encore faut-il déterminer de quelle manière il est possible de sortir de cette situation. (…) L’expérience du dialogue (…) a mis aussi en évidence le fait qu’en parlant, et quand bien même resterait-il enfermé dans sa certitude, celui qui accepte de dialoguer vraiment se livre, en quelque sorte, à une exigence d’un autre ordre. En apprenant à entendre autrui, en essayant de se mettre d’accord avec lui-même, il commence déjà à s’arracher à la fascination qu’exercent la passion et l’intérêt…

Thomas Hobbes, Léviathan, Livre I, chap. 13, p.223 :

« De même aussi, les humains n’éprouvent aucun plaisir (mais plutôt un grand déplaisir) à demeurer en présence les uns des autres s’il n’y a pas de puissance capable de les tenir tous en respect. Car chacun cherche à s’assurer qu’il est évalué par son voisin au même prix qu’il s’évalue lui-même ; et à tout signe de mépris, chaque fois qu’on le sous-estime, dans la mesure où il l’ose (…) d’obtenir par la force que ses contempteurs admettent qu’il a une plus grande valeur, et que les autres l’admettent par l’exemple. De sorte qu’on trouve dans la nature humaine trois causes principales de conflit : premièrement, la compétition ; deuxièmement, la défiance ; troisièmement, la gloire. »

Léviathan, Chapitre 14, Début :

« Le droit de nature (…) est la liberté que chacun a d’user de sa propre puissance, comme il le veut lui-même pour la préservation de sa propre nature, autrement dit de sa propre vie et, par conséquent, de faire, selon son jugement et sa raison propres, tout ce qu’il concevra être le meilleur moyen adapté à cette fin. »

Spinoza, Traité théologico-politique, chap. 16, Pléiade, p.824 :

« Pour commencer, voyons en quoi consiste le droit naturel de chaque homme, abstraction faite de l’organisation publique et de la religion. Par droit ou loi d’institution naturelle, je désigne tout simplement les règles de la nature de chaque type réel, suivant lesquelles nous concevons chacun d’entre eux comme naturellement déterminé à exister et à agir d’une certaine manière. Par exemple, les poissons sont déterminés, de par leur nature, à nager, et les plus gros à manger les petits ; en conséquence, les poissons sont maîtres de l’eau et les plus gros mangent les petits d’après un droit naturel droit naturel souverain. En effet, il est évident que la nature, considérée en elle-même, jouit d’un droit souverain sur tout ce qui est en son pouvoir. C’est-à-dire que le droit de la nature s’étend jusqu’aux bornes de sa puissance. »

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